A la vitesse où vont les choses, les étudiants en soins infirmiers actuels exerceront différemment leur métier et seront les promoteurs du renouvellement soignant. En plus d'une formation initiale très dense, les défis sont pour eux nombreux. Pour ces futurs ouvriers
de l'énorme chantier du système de santé aujourd’hui en mutation, le principal sera de se saisir de tous les compétences nécessaires à la construction d'un nouveau modèle infirmier répondant aux enjeux de santé publique à venir demain.
Alors que sont attendus les résultats du baccalauréat, ce moment d'émotion rimera avec fierté pour certains et déception pour d'autres. Pour beaucoup de néo-bacheliers, l'obtention du précieux sésame leur délivrera, en plus de la joie, le ticket d'entrée pour la formation en soins infirmiers si convoité cette année sur parcoursup !
En périphérie d'une communauté soignante en détresse , essayant tant bien que mal d'initier un chamboulement organisationnel, fonctionnel et identitaire du système, la nouvelle génération d'étudiants en soins infirmiers doit rapidement prendre la mesure des nombreux défis qui s'imposeront dans leur futur professionnel car, en tout état de cause, la probable rénovation du modèle de santé ne saurait être pleinement réussie sans la profession infirmière : ce sont les prochains à l'incarner !
Maintenir et affirmer les compétences : socle de la légitimité
L'actualité paramédicale de ces derniers jours se suffit à elle-même pour témoigner de la fragilité du statut initial des infirmiers. Modifications des référentiels de compétences, répartition confuse d'actes du rôle propre infirmier, aux uns et autres paramédicaux, sentiment général de brader
la profession... Le coeur de métier de la profession infirmière n'a jamais parût aussi sensible tandis que, paradoxalement, sont développés des possibilités d'études supérieures afin d'octroyer de nouvelles compétences. Assurément, le métier d'infirmier doit évoluer, c'est un constat, une nécessité qui s'inscrit dans une démarche évolutive du système de santé. En revanche, à trop revoir une profession, on en perd de vue son origine.
La légitimité infirmière s'est d'abord construite au chevet du malade et il est essentiel que les infirmier(e)s restent auprès des patients. L'hyper-théorisation, valorisante et si positive qu'elle soit, ne doit pas trop éloigner l'infirmier(e) du futur de son rôle propre et des soins au contact. Au risque, sinon, de créer un vide rempli sans scrupules par d'autres professions de santé à l'affût ! Pour le moment, les avancées universitaires abondent favorablement en la recherche et le maintien de la proximité sur les terrains de l’emploi. C'est certainement le ciment pour construire une identité renouvelée forte d'un passée historique : un compagnonnage fondamental à entretenir par tous les professionnels à l'égard des étudiants en soins infirmiers.
Le coeur de métier de la profession infirmière n'a jamais parût aussi sensible tandis que, paradoxalement, sont développés des possibilités d'études supérieures afin d'octroyer de nouvelles compétences.
Games of thrones soignant : une place de choix
Rentrons dans le vif ! Il sera obligatoire pour la génération en devenir d'infirmier(e)s de prendre de la hauteur professionnelle afin de ne pas rester au seuil de la maison santé
et d'y entrer plutôt par la grande porte pour s'installer dans la pièce principale. En effet, longtemps relégués en cuisine, à exécuter en bon commis des commandes dont ils en ramassaient les miettes, les infirmier(e)s doivent maintenant s'asseoir à la table des décisions, de l'organisation et de la coordination. S'appuyant sur une solide polycompétence théorique et pratique, notamment en exercice libéral, la communauté infirmière ne doit plus être considérée comme une simple exécutante d'ordre mais plutôt comme la profession pivot sans laquelle tout un système, bien fragile, s'effondre ! De fait, les étudiants en soins infirmiers, professionnel de santé placé en incubateur soignant, doivent se doter de tous les outils utiles à installer durablement le leadership infirmier au sommet des instances tutellaires.
Ainsi, en plus de compétences professionnelles élargies, plaçant la profession infirmière au devant des soins, il y a des actions à mener en tant qu'étudiant en soins infirmier. Par exemple, s''intéresser aux politiques de santé, élargir sa culture professionnelle, participer aux grandes transformations, c'est une autre façon de prendre sa part à l'entretien de cette fameuse maison santé
qui fait encore rêver d'autres nations et dont l'infirmier doit être un des principaux chefs de chantier.
La communauté infirmière ne doit plus être considérée comme une simple exécutante d'ordre mais plutôt comme la profession pivot sans laquelle tout un système, bien fragile, s'effondre !
Développer l'expertise infirmière et engager l'innovation
Évidemment, développée en partie sur le terrain grâce à l'expérience professionnelle, l'expertise infirmière est la force de cette profession. En effet, en relation directe et continue avec les patients, les infirmier(e)s acquièrent des compétences fines dans de nombreux domaines du soin. Allant de la prise en charge globale de pathologies chroniques ou aiguës, à la coordination pluridisciplinaire, tout en passant par l'utilisation de nouveaux matériels, l'expertise des infirmiers est présente à toutes les étapes du soin.
Pour les étudiants en soins infirmiers, la formation initiale doit aussi leur offrir la possibilité de découvrir l'ensemble des facettes de la profession. Acteur de leur formation, les ESI sont mis en musique
par les IFSI, lesquels prodiguent l'enseignement et une première vision d'ensemble du métier. Une réflexion est à mener sur le corpus pédagogique et l'adaptation constante des savoirs prodigués.
Tout cela se corrèle à l'innovation. En santé, elle est en plein essor et les infirmiers ont une carte à jouer en faisant valoir leur expertise multi-domaines. Pansement connecté, intelligence artificielle, télé-médecine... A la vitesse où vont les choses, les étudiants en soins infirmiers actuels exerceront différemment leur métier et seront les promoteurs du renouvellement soignant. Cependant, c'est maintenant qu'il faut se mettre sur les rails de la technologie appliquée aux soins. Un nouveau métier, une nouvelle formation... Les idées sont légion. Une proposition paraît judicieuse : telles que peuvent le proposer les facultés de médecine, pourquoi ne pas imaginer de nouvelles possibilités de stages en recherche ou de parcours parallèle d'études en soins infirmiers cliniciens et au numérique ?
Vous l'aurez compris, en plus d'une formation initiale très dense, les défis sont nombreux pour les étudiants en soins infirmiers. Pour ces futurs ouvriers de l'énorme chantier du futur système de santé, le défi principal sera de se saisir de tous les compétences nécessaires à la construction d'un nouveau modèle infirmier répondant aux enjeux de santé publique à venir demain. Un travail laborieux qui ne pourra s'effectuer sans le soutien précieux des instituts de formation, tuteurs professionnels de santé, et les instances représentatives car, l'étudiant en soins infirmiers est une véritable bombe professionnelle
qui devra dynamiter, un jour, la vieille maison santé
... Aujourd'hui, mieux vaut la manier avec précaution avant qu'elle n'implose précocement !
A la vitesse où vont les choses, les étudiants en soins infirmiers actuels exerceront différemment leur métier et seront les promoteurs du renouvellement soignant.
Alexis BatailleEtudiant en soins infirmiers en devenir (2019-2022)Aide-soignant@AlexisBtlle
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