C’est un roman graphique tout en finesse qui, pour étayer son propos, s’appuie sur des dessins, des illustrations poétiques délicatement bleutées ; une manière sans doute elliptique d’aborder le coeur du sujet : les bleus à l’âme, ces troubles psychologiques invisibles et les affres de ceux qui les subissent, en silence. En effet, comment crier sa douleur quand elle ne s’accompagne d’aucun signe physique ? Comment être entendu, compris et partager avec les autres la tempête intérieure ? 56 pages pour tenter l’expérience du partage… A découvrir assurément !
Il est difficile pour celui qui va bien
d’imaginer ce qui se passe à l’intérieur, de voir la tempête et les fusées qui traversent les pensées de celui qui ne va pas bien
et qui souffre lorsque les troubles psychologiques l’envahissent. Mais on peut souffrir de l’intérieur et n’avoir aucun signe sur le visage, aucune ecchymose à montrer… Comme l’écrit Lucile de Pesloüan, auteure des textes de ce roman graphique
, une jambe dans le plâtre entraîne souvent bien plus de sympathie et de compassion qu’un mal-être intérieur. (…) Nos bleus sont souvent invisibles et si on les rend publics, ils peuvent se retourner contre nous. La société préfère ne pas les voir...
Accompagnée de l’illustratrice Geneviève Darling, c’est ce qu’elle a souhaité tenter d’expliquer
en décrivant, de l’intérieur de façon réaliste et poétique, le tumulte lié aux troubles psychologiques et que ceux qui le vivent ne peuvent, n’osent pas ou ne peuvent pas partager avec les autres.
On peut souffrir de l’intérieur et n’avoir aucun bleu sur le visage, aucune ecchymose à montrer. Difficile d’imaginer ce qui se passe à l’intérieur, de voir la tempête et les fusées qui traversent nos pensées.
Le poids des maux…
Les auteures mettent en scène une vingtaine de personnages qui confient ici, en textes et en images, un petit moment de leur détresse avec le quotidien qui continue, inlassablement, de tourner autour.
- Cette nuit, j’ai fait une attaque de panique. Je me suis réveillé sans pouvoir respirer, ma gorge était bloquée. J’ai hurlé. J’ai vraiment eu peur. Quelques heures plus tard, j’ai commencé ma journée. Pas le choix.
Karim
- J’ai mal à la gorge à force de vomir. Je me cache pour manger. Je me cache pour vomir. J’ai mal ! Est-ce que je perdrai un jour les kilos gagnés à manger compulsivement pour essayer de calmer mon angoisse ?
Anne-Marie
- Les petites voix dans la tête me poursuivent partout. Elles me disent que je devrais faire ci, que je ne devrais pas faire ça. J’essaye de ne pas les écouter. c’est fou d’avoir tout le temps peur. J’en arrive à avoir peur d’avoir peur...
Marc
- Moi mon problème, c’est l’agoraphobie. J’ai déjà quitté l’épicerie parce que d’un coup la file à la caisse était devenue immense. Je ne prends jamais le métro. Mes trajets sont longs et périlleux. Je pars plus tôt pour éviter les heures de pointe. Je m’organise. C’est sûr que pour des sorties entre amis, c’est pas génial.
Axel
Un roman graphique qui aborde le thème de la santé mentale de manière intime et sans complaisance avec des illustrations poétiques et métaphoriques qui s’ancrent complètement dans la réalité.
• J’ai mal et pourtant ça ne se voit pas, Lucile de Pesloüan (texte) & Geneviève Darling (illustrations), Editions de l’Isatis, Collection griff
, 22 x 24,5 cm, 56 pages, 18 €.
Finaliste au Prix Espiègle 2019, Prix des bibliothécaires scolaires du Québec.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
REFONTE DE LA FORMATION
L'idée d'un tronc commun en master hérisse les infirmiers spécialisés
ÉTUDES
D’infirmier à médecin : pourquoi et comment ils ont franchi le pas
VIE ÉTUDIANTE
FNESI'GAME : l'appli qui aide les étudiants infirmiers à réviser
PRÉVENTION
Des ateliers pour préserver la santé des étudiants en santé