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ESI

Bilan mitigé pour Sandra, étudiante en soins infirmiers

Publié le 29/07/2015
étudiante patient hôpital

étudiante patient hôpital

En septembre 2014, Sandra, ancienne employée commerciale alors âgée de 40 ans, racontait comment et pourquoi elle a choisi de débuter ses études en soins infirmiers . Elle fait aujourd'hui le bilan de sa première année en tant qu'ESI.

Sandra fait le bilan de sa première année d'études en soins infirmiers.

Voilà comme tous les étudiants en soins infirmiers de première année, la première marche est quasiment gravie. Il me reste juste la Commission d’attribution des crédits à attendre patiemment. Il y a un an jour pour jour, je prenais un congé individuel de formation à la suite de mon admission à l’Institut de formation en soins infirmiers.

Cette année fut une découverte enrichissante (la formation, les stages, les élèves de ma promo et les autres, les stages) mais elle me rend parfois perplexe. La formation semble tout le temps préparée trop rapidement et nous avons quatre formatrices toujours en décalage les unes par rapport aux autres. Toute l'année, des informations qui différaient selon la personne qui nous les transmettaient nous ont été données. De fait, nous avons appris la brasse coulée, ou comment se dépatouiller avec ce que l'on a… Nous n’avons quasiment jamais eu aucune correction écrite sur les dossiers mais alors des régulations, en veux-tu, en voilà. Hier encore, une camarade me disait : c’est marrant j’ai eu l’occasion de lire quatre dossiers de démarche de soins clinique, aucun n'est pareil … Le contenu, normal qu'il soit différent, me direz-vous, puisque ils ont été réalisés à partir de situations de stage, mais ce qui est le plus étonnant, c’est que la différence porte aussi sur la forme… Faut-il une problématique ? Un questionnement ? Des hypothèses ? Personne n’a de réponse catégorique et pourtant nous devrions. Toutefois, nos formatrices nous ont chouchoutés tout au long de l’année, avec un accompagnement perpétuel, des réponses même le week-end à nos mails pétris d’angoisses. J’avoue que formatrice et professeur, ce n’est quand même pas la même chose, Parfois, j’ai l’impression que les premières sont un peu les mamans bienveillantes de notre promotion…

L'emploi du temps m'a également surprise. Comment peut-on dire que les cours théoriques magistraux sont facultatifs (toute l’année de surcroît) ? Alors quoi, seuls les travaux dirigés ou pratiques sont importants ?  L’apport des connaissances théoriques est facultatif, n’est-ce pourtant pas la base ?

Comment, dans une formation infirmière où l’on nous apprend à être réflexifs, tolérants, à ne pas juger, à être empathiques, arrive-t-on aussi peu à l’être déjà entre nous ?

Sur les bancs de l'IFSI à plus de 40 ans

Retourner à l’école n’a pas été une mince affaire tous les jours et cela a été accentué par une promotion de quelques 70 élèves tous différents mais avec deux grands groupes je dirais. Les moins de 25 ans et les plus de 30. Difficile de faire se côtoyer des personnes avec des vécus et mentalités si différents. Les préoccupations ne sont pas les mêmes (sortir faire la fête ou aller préparer la cuisine pour ses enfants avant de réviser les partiels ???). Cela a créé des petits clans au sein de la promotion. Je suis assez surprise de voir qu’au bout d’un an, beaucoup de camarades me disent : comment elle s’appelle, elle ? Elle est dans notre promo ? Non pas possible je ne lui ai jamais parlé ! Sans parler des tensions apparues lors des multiples travaux réalisés en groupe. Cela m’a beaucoup fait réfléchir. Comment, dans une formation infirmière où l’on nous apprend à être réflexifs, tolérants, à ne pas juger, à être empathiques, arrive-t-on aussi peu à l’être déjà entre nous ? 

Parfois, j’ai l’impression que les formatrices sont un peu les mamans bienveillantes de notre promotion.

Un bilan pas si négatif

Mon tableau a l’air noir… pas tant que cela. Pour ma part, j’ai rencontré des personnes qui sont devenues des vrais amis même si je ne suis pas à l’IFSI pour ça. Cela a été d’autant plus vrai pendant les stages. En effet, j’ai fait des rencontres humaines hors du commun et mes tutrices sont devenues des mentors avec qui je garderai le contact toute ma vie. Je connais peu de métiers où l’on apprend autant par ses pairs et où l’on ressent cette envie qu’a l’autre de nous guider, de nous accompagner. J’ai rencontré des résidents et des élèves qui m’ont marquée aussi et par-dessus tout j’ai changé à leur contact. Je me suis adoucie. Alors peut-être que ce n’est pas que de leur fait, peut-être est-ce aussi parce que chaque matin je réalise qu’à plus de 40 ans, dans deux ans si tout se passe bien, je ferais le métier que j’ai choisi et que je serais éternellement reconnaissante d’avoir eu cette opportunité. Alors si toi tu lis ce texte en te disant :  « moi aussi, j’aimerais bien me reconvertir pour devenir infirmière », j’ai envie de te dire mais vas-y fonce ça en vaut la peine et même si c’est dur de retourner à l’école, même si c’est difficile de travailler en groupe, de s’intégrer sur les lieux de stage parfois, ce métier sera riche d’expérience, de rencontres et il t’apportera tellement qu’il ne faut pas passer à côté.

Sandra Étudiante en soins infirmiers – Deuxième année (à partir de septembre 2015)


Source : infirmiers.com