Édito - Étudiants en soins infirmiers, encore un effort !

En France, pour se faire entendre des autorités publiques et obtenir éventuellement gain de cause, il faut descendre dans la rue et que la manifestation se fasse remarquer des médias, la télévision en premier lieu, par son nombre ou les incidents qui s’y produisent. Le constat est bien connu des politologues, sociologues et historiens.

Ils l’expliquent souvent par l’absence ou l’insuffisance des structures intermédiaires entre les gens du commun et les autorités publiques, par exemple, les syndicats. Certains groupes sociaux ont moins besoin que d’autres de manifester : c’est que les autorités publiques estiment qu’ils sont capables de modeler l’opinion, donc qu’il faut les ménager, ou tout simplement qu’ils appartiennent « au même monde » : on est entre soi.

Manifestement, les étudiants en soins infirmiers et les sages-femmes, dont les syndicats appelaient à manifester ce jeudi 12 mai, ne remplissent aucune des deux conditions. La FNESI a réussi à rassembler plus de 5.000 personnes, ce qui ne s’était pas produit depuis longtemps.

La manifestation s’est déroulée dans la bonne humeur, un service d’ordre impeccable veillant à ce qu’aucun incident fâcheux ne se produise. Une délégation a été entendue au ministère. Mais la couverture médiatique n’est guère au rendez-vous.

Les étudiants n’ont pas rien obtenu. Mais par rapport à l’ampleur du problème qu’ils posent, la qualité de l’universitarisation de leurs études, ça n’est pas grand chose. Le problème est qu’il n’est même pas sûr qu’ils auraient pu avoir pleinement gain de cause s’ils avaient envahi les rues de Paris.

Car la réforme LMD est menée à la française : pour les responsables politiques ou administratifs, c’est réglé sur le papier, donc où est le souci ? Il y a décidemment un problème de méthode dans la « conduite du changement » chère aux managers.

Serge CANNASSE
Rédacteur en chef IZEOS
serge.cannasse@izeos.com