En juillet 2019, Flavien Potier, étudiant en soins infirmiers à l'institut de formation en soins infirmiers de La Roche-sur-Yon (promotion 2016-2019), soutenait avec succès son travail de fin d'études sur la thématique suivante : L’infirmier et le "si besoin"
. Il souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’infirmiers.com et nous le remercions.
Voilà comment cet étudiant nous explique le choix de sa question de recherche. Les prescriptions médicales anticipées (PMA) si besoin
sont des prescriptions que les médecins prescrivent au cas où
. Leur rôle est d’autonomiser les infirmiers, seuls face à un patient, dans la délivrance d’une thérapeutique, dans le but d’optimiser la prise en soin d’un patient. Concernant ces PMA, le jugement clinique de l’infirmier prend tout son sens. Mais qu’en est-il de l’interprétation du si besoin
par les professionnels ? Comment les infirmiers et les infirmières se positionnent-ils face à ce choix de thérapeutique que permet la prescription ?
Lors d’un stage en service de médecine générale, alors que je suis en troisième année d’études de soins infirmiers, j’accueille une patiente dans le service ; nous sommes un vendredi soir, il est 17 heures. Je prends rapidement connaissance du dossier médical : la patiente, que j’appellerai Madame Durand, est admise afin d’avoir un temps de repos après son hospitalisation en cardiologie. Agée de 79 ans, elle a fait un infarctus du myocarde, puis un oedème aigu pulmonaire. Elle est aussi atteinte d’une insuffisance cardiaque gauche et a, comme antécédent, de l’hypertension artérielle.
J’ai pu remarquer que le jugement de l’état clinique d’un patient et la prise en considération de la prescription médicale sont vraiment personnels et différents d’un soignant à un autre.
Après avoir accueilli la patiente, je prends connaissance de la prescription médicale du médecin qui l’a rencontrée. Il est mentionné un traitement systématique avec un bêta-bloquant, un diurétique per os, deux anti-agrégants plaquettaires, un inhibiteur de la pompe à protons, un inhibiteur de l’enzyme de conversion, une gélule de potassium et un antilipémiant. Je prends connaissance de plusieurs traitements notifiés comme prescriptions médicales anticipées, des traitements injectables ou per os, tels que des diurétiques, des antalgiques et un anxiolytique. La prescription de ces traitements ne m’étonne pas car, après avoir réalisé un stage en service de cardiologie, je sais que ce sont ces traitements qu’il faudra administrer en cas de décompensation cardiaque globale ou en cas d’anxiété, notamment la nuit. Mais lorsque je clique sur la prescription informatique pour savoir à partir de quel moment il faudra, en cas de nécessité, utiliser ces thérapeutiques, je vois que, pour ces PMA, leur utilisation est seulement si besoin
, sans autres précisions.
Mais qu’en est-il de l’interprétation du
si besoinpar les professionnels ? Comment les infirmiers et les infirmières se positionnent-ils face à ce choix de thérapeutique que permet la prescription ?
Je m’interroge sur ces PMA si besoin
. En effet, j’ai pu remarquer que le jugement de l’état clinique d’un patient et la prise en considération de la prescription médicale sont vraiment personnels et différents d’un soignant à un autre. Dans la situation qui m’intéresse, il suffit seulement de deux jours différents, avec deux soignants différents pour que la prise en soins ne soit pas la même. En effet, deux infirmières différentes ne réalisent pas un même et unique jugement clinique : en effet, l’une d’entre elles fait le choix d’administrer un traitement diurétique, alors que la précédente, au vu du même tableau clinique de la patiente, a jugé qu’il n’était pas nécessaire d’administrer la thérapeutique.
L’interprétation des données cliniques d’un patient et des thérapeutiques à administrer semble personnelle : peut-on alors considérer que ces PMA si besoin
donnent une autonomie aux infirmiers ? Qu’en est-il des responsabilités pour l’infirmier concernant l’administration ou non des thérapeutiques prescrites sous cette forme ? Quels vont être les marqueurs décisionnels du choix des infirmiers face à un patient ? Quels vont être les éléments qui expliqueront une différence de prise en soins d’un infirmier à un autre ?
L’exploration de cette question de recherche menée grâce aux entretiens avec des professionnels m’a invité à orienter ma réflexion vers les deux concepts phares de ma conception du soin : la responsabilité et le raisonnement clinique.
Lire le TFE - "L’infirmier et le "si besoin" : une simple application ?" (PDF)
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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