En mai 2014, Elodie Chapillon, alors étudiante en soins infirmiers à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers de Savoie (promotion 2011-2014) a soutenu avec succès son travail de fin d'études sur la thématique suivante : « Les limitations et arrêt des thérapeutiques en service de réanimation adulte ». Elle souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’Infirmiers.com et nous l'en remercions.
Elodie débute ainsi son travail de recherche : « La réanimation est un service dynamique et spécifique dans lequel l’équipe pluridisciplinaire, grâce à des techniques avancées, tente de pallier les défaillances aiguës d’une ou plusieurs fonctions vitales. Les patients sont parfois en situation critique et les limites de la médecine empêchent alors le retour à l’homéostasie. La mort en réanimation est omniprésente et c’est parfois dans des moments difficiles que les professionnels sont amenés à côtoyer les proches.
Autrefois, la plupart des décès survenaient à domicile. Aujourd’hui, l’évolution de la société modifie les mœurs et de plus en plus de personnes décèdent à l’hôpital. En effet selon un rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), 58% des français meurent à l’hôpital. Selon la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR), près de la moitié des décès hospitaliers surviennent en réanimation ou en service de soins intensifs, le plus souvent à la suite d'une décision de limitation ou arrêt des thérapeutiques actives. Cette décision est prise sous couvert de la loi (notamment la loi Leonetti qui sera abordée dans mon travail) à la suite d'une réflexion où il est admis qu’il n’y a pas d’espoir de récupération des fonctions vitales, que la qualité de vie du patient est altérée de façon définitive et dans le but de préserver la dignité du patient.
Ce thème m’intéresse car il aborde toutes les dimensions de la profession infirmière. C’est un travail qui me questionne sur mes propres valeurs soignantes et mon identité professionnelle. Ce travail de recherche va donc me permettre de poursuivre la construction de ma propre identité professionnelle.
Lors de ma seconde année d’étude j’ai effectué un stage de cinq semaines en réanimation durant lequel j’ai assisté à une décision d’arrêt des thérapeutiques. Il s’agissait d’une patiente intubée dont on a arrêté le respirateur qui la maintenait en vie. J’ai trouvé que cette situation était émotionnellement difficile à vivre et à comprendre, tant pour la famille que pour les soignants. Dans ce stage où l’on s’imagine que l’on va sauver des vies, « réanimer », alors qu’en réalité le médecin, l’infirmier et toute l’équipe, accompagnent, soulagent, la réflexion éthique prend une place considérable. J’ai en effet été interpellée par cette prise de décision, si grave soit-elle. Le décès rapide de la patiente après le débranchement du respirateur m’a questionnée. A-t-on le droit de vie ou de mort sur un patient ? Peut on décider du moment où la vie se termine ? Comment la décision de limitation ou arrêt des thérapeutiques est-elle prise ? Quel accompagnement pour la famille et quelles explications sont données ? Comment le regard de la famille peut-il se répercuter sur le soignant ? Quels sont les critères qui favorisent cet arrêt des thérapeutiques ? Le vécu influence t-il les réactions de chaque protagoniste ? Comment les soignants vivent-ils ces situations ? Est-ce en accord avec leurs valeurs soignantes ? Comment humaniser un soin quand la technicité et la performance sont les mots d’ordre ? Comment la douleur et la souffrance des patients en arrêt thérapeutique est-elle prise en considération? Quelles sont les différentes stratégies d’adaptations et les différentes représentations pour le patient ? Et enfin, comment les soignants se sont ils adaptés à ces décisions modernes d’accompagnement en fin vie dans un service où l’on veut sauver des vies ?
À la suite de cela, j’ai désiré développer une réflexion autour de la limitation des thérapeutiques actives en réanimation. Ma question de départ est : En quoi la réflexion, la décision et la mise en application d’une limitation ou arrêt des thérapeutiques peuvent elles avoir une incidence sur les valeurs et l’identité infirmière ?
Mon travail de fin d’étude se compose d’une phase théorique dans laquelle je détaille ce qu’est la fin de vie en réanimation, le cadre législatif, la sédation ainsi que la loi Leonetti et son application à l’heure actuelle. Dans cette même partie j’expose, les différents concepts en lien avec mon sujet. Enfin j’effectue une analyse de l’étude de terrain auprès d’infirmiers en service de réanimation et je détaillerai ma question de recherche. La phase méthodologique de mon travail constitue la seconde partie ».
Lire le TFE - Les limitations et arrêt des thérapeutiques en Service de Réanimation Adulte
Aurélie TRENTESSE Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com @ATrentesse
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