En juillet 2019, Audrey Hekim, étudiante en soins infirmiers à l'institut de formation en soins infirmiers de Rambouillet (promotion 2016-2019), soutenait son travail de fin d'études sur la thématique suivante : "Éthiqu’ette de la maltraitance : outils pour une démarche réflexive". Elle souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’infirmiers.com et nous la remercions.
Ce travail de recherche m’a passionné, j’ai mis des mots sur le cheminement que j’ai eu quant à ma situation d’appel. Ayant été observatrice d’actes inappropriés lors d’un stage en psychiatrie, j’ai dû peser le pour et le contre avant d’oser signaler ce professionnel maltraitant. Il a également fallu que je prenne sur moi quant à mes peurs. Grâce à l’éthique et la déontologie, j’ai pu cheminer jusqu’à la bonne décision. Être observateur de maltraitance n’est pas anodin, on ne peut pas se dire j’aurai aimé ne pas être là à ce moment-là
, car justement grâce à cela nous pouvons améliorer des situations problématiques, voire inacceptables.
« Les infirmières du service me conseillent d’en informer la direction. Je n’ose pas, c’est difficile pour moi,de ma place d’étudiante, de
dénoncerune professionnelle qui m’a accompagnée lors de ce stage, se dire qu’il y aura des conséquences pour elle, peut-être perdre son travail et engendrer d’autres conséquences dans sa vie personnelle, ce n’est pas anodin de nos jours de ne plus avoir d’emploi... Tout résonne dans ma tête.
Dans ce travail, les concepts d’éthique, de déontologie et de valeurs prennent tout leur sens, ainsi que la morale, le positionnement professionnel et la construction identitaire. Ces concepts sont complémentaires entre eux et permettent de comprendre le cheminement d’un positionnement dans un signalement de maltraitance. Grâce à ce mémoire, il sera mon outil d’aide si je rencontre de nouveau une situation comme celle que j’ai vécue. Et également, j’espère pouvoir aider des étudiants ou des professionnels dans cette même situation et ainsi pouvoir les guider au mieux dans cette prise de décision si délicate et difficile.
Ce travail a mûri depuis son commencement, il y a beaucoup à dire mais le principal intérêt de celui-ci est de pouvoir se positionner malgré la peur que cela engendre. On ne peut pas laisser un professionnel maltraitant, il faut se demander, si c’était un être cher, qui était maltraité, est-ce que j’accepterai de ne rien dire et laisser la situation tel quel ?
Est-ce que j’aimerais que cette personne s’occupe de mes proches de cette façon ? Est-ce que j’aimerais travailler avec une collègue qui puisse me causer du tort ?
C’est un sujet tabou, mais j’ai fait ce choix car cette problématique a heurté mes valeurs personnelles et professionnelles. Ce fût difficile, mais aujourd’hui je suis fière d’avoir été au-delà de mes craintes, fière d’avoir su mobiliser les outils infirmiers à bon escient. J’ai été très bien entouré par ma formatrice et la cadre de l’établissement, ce qui m’a beaucoup aidé. Beaucoup trop d’étudiants rencontre cette difficulté sur les terrains de stage, au travers ce travail, j’aimerai les guider et les rassurer. Ainsi améliorer les pratiques professionnelles et que toute personne soient respectées dans leur intégrité. Que soigné et soignant vivent le soin dans la bienveillance. Nous avons tous un rôle à jouer, faisons ce travail d’équipe ensemble en se rappelant les valeurs de notre métier et faisons de l’éthique une réflexion afin d’ôter l’étiquette de la maltraitance.
Je prépare par écrit ce que j’ai observé afin de pouvoir en parler plus facilement le jour de l’entretien. Avoir un support rassure dans ces situations délicates.
Lire le TFE - "Éthiqu’ette de la maltraitance : outils pour une démarche réflexive" (PDF)
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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