À l'occasion de la Journée internationale des aides-soignants 2016 qui se tiendra le 26 novembre 2016, plusieurs aides-soignants nous ont fait parvenir leur récit d'un événement qui a marqué leur carrière. Nous les publierons tout au long de cette semaine, jusqu'au 26 novembre 2016. Audrey, Patricia et Géraldine nous livrent des anecdotes qui les ont profondément marquées.
Quand un regard vaut plus que des mots
Je me souviens d'une nuit où l'un de nos résidents criait "aïe". Il hurlait, M. B., et nous ne pouvions rien faire car c'était le moment, ce moment où il relâchait les tensions de la journée. Son rituel passait par des cris puis des fous rires nerveux...
Je me souviens de cette nuit car je ne comprenais pas ces cris et, après avoir tout tenté pour le calmer dans sa chambre, j'ai eu tout bonnement l'idée qu'il avait peut-être tout simplement besoin de sentir qu'on était là. Je l'ai donc installé dans son fauteuil que j'ai allongé et recouvert d'une couverture. Je l'ai bordé dans son fauteuil comme je l'aurais fait dans son lit et me suis installée à côté de lui et je me souviens l'avoir tout simplement bercé dans son fauteuil. Il n'a plus poussé un cri de la nuit...
Je me souviens du sentiment de bien-être que j'ai pu lire sur son visage, du sentiment d'être utile que j'ai pu ressentir... Il ne parlait quasiment pas, M. B. mais dans le regard passe parfois plus de reconnaissance que dans les mots... Je me souviens encore de ce regard là...
Audrey, aide-soignante de nuit
Douceur en maison de retraite
Je voulais témoigner d’un monde de douceur que j’ai découvert pendant ma formation aide-soignante.
Je dois dire honnêtement que je n’étais pas particulièrement intéressée par un stage en maison de retraite. Je n’imaginais pas trouver de satisfaction auprès des personnes âgées. Et quel ne fut pas mon étonnement lors de ce stage.
Dès ma première journée en maison de retraite, j’ai rencontré parmi les résidents Madame Pauline (nom fictif). Lorsque je lui ai parlé, j’ignorais qu’elle entendait très mal, j’ai donc dû lui répéter ce que je venais de lui dire en m’approchant de son oreille. Et là, qu'elle n’a pas été ma surprise lorsqu’elle m’a embrassée avec tendresse sur la joue, en me caressant ensuite le visage avec sa main. Cette femme toute petite et toute menue était un océan de douceur.
Quel que soit l’endroit et le moment de la journée, elle a toujours pour moi de la douceur. Cela se voit quand elle parle, dans ses gestes, dans son regard. J’espère juste qu’elle ne s’est pas trop attachée à moi, car je ne suis que de passage.
J’ai découvert à travers Madame Pauline mais aussi à travers tous les autres résidents ce que voulait dire le langage non verbal. J’ai également découvert un monde de douceur.
Je n’ai pas encore vu tous mes terrains de stage, mais si aujourd’hui vous me demandez dans quel milieu je veux travailler plus tard, je vous répondrai sans aucune hésitation : « en maison de retraite ».
Patricia, aide-soignante
« Son coeur a parlé... »
Il se dessine évidemment des beaux souvenirs de partage avec les patients mais il y en a un qui m'a profondément marquée et qui a transpercé mon cœur. Pendant un an, j'ai travaillé en hématologie en secteur protégé, puis j'apprends que je vais quitter le service pour aller en oncologie, un projet qui me tient à cœur.
Je travaille du soir, je connais bien les patients car il s'agit souvent de longues hospitalisations. Je leur annonce mon départ du service et les patients me témoignent leurs remerciements ,ils mettent en lumière ce qu'on leur apporte à travers notre métier. Mais il y a un mais, à savoir un patient qui a un état général altéré, alité… Je viens à sa rencontre et me présente à lui en lui touchant la main, puis je me mets à chanter, et là il s éveille à moi en me témoignant un rêve de sa vie "chanter et être musicien". Lors du dernier tour, ma collègue infirmière explique que je vais partir du service et il attrape ma main, son visage et son regard s'illumine à moi, une connexion frappante et pénétrante se dessine entre lui et moi. Il me dit avec des yeux d'une profondeur inexplicable "votre professionnalisme est aussi grand que votre gentillesse". Je vous avouerais que cela m'a touchée au plus profond de mon âme. Son cœur a parlé…
Géraldine, aide-soignante
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